Les « Morts -vivants » : c’est l’expression qu’on entend partout dans les médias lors de ce fameux « Halloween »2019 . Elle est accompagnée d’images, de vidéos et de publicité pour les soirées « terreurs » dans des lieux conçus pour cela : surprises effrayantes, poursuites dantesques, adrénaline garantie, squelettes au coin des rues, et ça marche, le succès va croissant chaque 31 octobre qui passe… Juteux commerce, surtout ! (cf article de ce blog du 29 octobre 2018)
On en rit aussi, histoire de la mettre à distance, bien loin de nous.
Notre mort ou celle des autres nous fait tellement peur : et oui, nous ne sommes pas immortels et nous cherchons à l’être. On conjure la mort avec nos espoirs dans la recherche de l’homme augmenté, espoir d’immortalité (certains se sont fait déjà « congeler » avec force monnaie pour ressusciter avec leur corps…).
Pourquoi refuser de regarder, une fois au moins, cette évidence de notre fin, et méditer sur « notre » mort ? Sans doute parce que voir la réalité de notre mort, c’est se pencher sur la finitude et notre « passage » trop court sur notre terre ? Oui, chacun, chacune de nous, nous mourrons. Quelle angoisse, c’est vrai, tant nous ne pouvons pas « entrevoir » cette mort, ce qu’il y a de « l’autre côté » !
Nous ne maîtrisons rien de ce qui fait notre existence : être conçu, naître et mourir. Surtout, ne pas voir qu’à cause de la mort, nous ne passons qu’un tout petit moment sur terre, vraiment minuscule, et notre orgueil en prend un sacré coup ! Par exemple, sur l’échelle de l’humanité, celle -ci étant symbolisée par un dictionnaire, notre siècle (et nos 80 à 90 ans de vie) n’est représenté que par la dernière lettre du dernier mot de la dernière page, et encore…
Nous aimons jouer comme les enfants à nous faire peur, cela se conçoit ; mais ce qui nous fait peur c’est surtout, avant le jour fatidique, notre « décrépitude » annoncée. Certains expriment ainsi leur peur : « Moi j’aimerais mourir debout, en pleine forme, en pleine action … ».
Nous cherchons inconsciemment une « clé » qui nous délivre de cette angoisse de la mort. Pour nous, croyants, cette clé ouvre sur l’Infini d’Amour de Dieu. Les morts sont plus Vivants que les vivants, puisqu’ils sont dans la Lumière de la Connaissance totale du mystère de notre vie : ils sont dans une autre dimension que nous ne pouvons concevoir ni voir, la dimension de l’Amour du Dieu révélé par Jésus Christ, Amour qui est en nous… Mais notre égo ne veut pas de cette « clé », par peur d’y être englouti ! Alors, il n’a de cesse que de s’en distraire.
Penser aussi qu’il y a bien des « vivants-morts », dont nous sommes parfois : déprimes ou dépressions, pessimismes, des « à quoi bon » nous assaillent devant les évènements du monde, les violences, les haines… Les « vivants morts » malgré eux, ces familles rescapées des bombes en Syrie, déplacées maintes fois de leur région et pays, expulsées, épuisées, refoulées de partout sur les routes de l’exil… ou tous ceux qui souffrent à cause de la haine et de l’indifférence des autres.
La mort peut être une souffrance, physique souvent, malgré les progrès de la sédation, mais aussi mentale, psychologique, spirituelle, et cela d’autant plus si nous n’avons pas « la clé ». Et pour celui qui reste, le choc de la séparation définitive d’avec l’être aimé est une souffrance à surmonter avec le temps… Pourquoi alors, sans y penser tous les jours, (!) ne pas s’y préparer tant que nous pouvons le faire ? Et refuser le « tabou » d’en parler.
Le courage, c’est de comprendre sa propre vie… Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille… Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. (Jean Jaurès)
Quand règne ce qu’on appelle « un silence de mort » (….) l’atmosphère est sinistre. De quoi a- t-on peur ? Des fantômes ? Sûrement pas. Ce que nous craignons, c’est ce qui pourrait surgir du plus profond de nous -même et que le bruit tient à l’écart. (Carl Gustave Jung)
La seule chose que nous apprend la mort, est qu’il est urgent d’aimer. (Eric Emmanuel Schmidt)
« L’Homme en Gloire dans la Paix » Jean Lurçat,
« Le chant du Monde » tapisserie du musée Jean Lurçat, Angers
Merci Annick, c’est tout à fait ça. François