Vous avez dit « ascèse » ?

Les mots ont un sens !

J’ai découvert un jour que le mot « ascèse » était riche d’un sens très positif, à l’inverse de ce que l’on croit couramment.

À l’origine du terme « ascèse », le mot grec askêsis, signifiant « exercice » ou « entraînement » s’appliquait à de nombreuses activités et en particulier à l’athlétisme, bénéficiant ainsi d’une signification originelle purement physique. Au Ve siècle apparaîtra, à travers le latin, le mot asceta ou asceteria, signifiant « moine/religieuse », « monastère/couvent ». Il en découlera le mot moderne d’ascèse. (Wikipédia)

Nous, on nous a appris au « catéchisme » de notre enfance, (on en entendait parler pendant le carême…) que l’ascèse était une discipline faite de privations et mortifications corporelles pour aller à Dieu. . On a l’image de l’ascète comme maigre, triste, sévère, pratiquant une grande pauvreté volontaire.

L’ascèse, plus que des attitudes externes  de « privations »,  est pour moi une attitude intérieure visant à se concentrer sur l’essentiel  pour se connaître mieux et aimer l’autre en vérité.« Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux » est-il écrit sur le fronton du Temple de Delphes. Se connaître soi-même c’est avoir une conscience aigüe de notre fonctionnement, de nos projections, nos blessures d’enfance qui interfèrent dans nos réactions, notre façon d’être au monde.

Ce « travail »est exigeant  et demande de faire l’effort de vérité en soi. Il  comprend l’acceptation , toujours à réactiver, des aléas et épreuves de notre vie, et a pour conséquence de réduire ce qui nous paraît superflu  afin de mieux se concentrer sur sa vie intérieure.  Pratiquer l’ascèse, c’est chercher à se connaître dans le « qui suis je ? » profond , afin de rencontrer et de vivre l’Amour : « L’ascèse est un travail que l’homme fait sur lui-même, pour arriver finalement à une condition d’être, grâce à laquelle, en lui, éclate la plénitude de l’Être. » (Saint Thomas d’Aquin.)

Pour Jean Yves Leloup, se connaître, c’est voyager  en pèlerin : c’est « traverser les frontières extérieures et intérieures, en particulier celles du moi avec son paquet de mémoires (génétiques, sociales, éducatives, religieuses) qui nous conditionnent et nous limitent. C’est apprendre à respirer dans d’autres climats »… C’est le sens de cette grande parole de Dieu à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père ». Pour aller de l’avant, celui qui marche et voyage doit quitter le connu, ce à quoi il est attaché et qui l’attache : tous les concepts, images, croyances, représentations qu’il trimballe comme autant de lourds bagages…  Le « vieil homme ›› est épuisé et on le lâche, avec toutes ses programmations. Ce n’est plus nous qui marchons, c’est le Grand Marcheur qui passe en nous. * »

Travail d’une vie, mais c’est Lui qui nous emmène et nous porte parfois dans ce voyage, pour peu qu’on ait envie de l’écouter et Lui dire « oui ».

*Jean Yves Leloup, philosophe, thérapeute, théologien, prêtre orthodoxe, écrivain , tiré de  http://www.jeanyvesleloup.eu/la-chair-et-le-souffle/

 

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